Le tamarau est le plus grand mammifère originaire des Philippines mesurant environ 2,2 m de long, 1 m de hauteur d'épaule pour un poids allant de 200 à 300 kg. La queue mesure en moyenne 60 cm de long. Les cornes, présentes chez les deux sexes, sont un bon moyen pour reconnaître le sexe d'un spécimen. Les cornes du mâle sont plus épaisses, plus longues et plus rapprochées que celles des femelles. Elles forment une sorte de V, sont couvertes de rainures secondaires et peuvent mesurer jusqu'à 21 cm de longueur.
A l'exception de sa taille, le tamarau ressemble au buffle d'Asie à bien des égards. Il a un corps robuste, un pelage variant du brun foncé au gris-noir et des jambes trapues. Une bande gris-blanc s'étend de l'angle interne de l'œil vers l'extérieur et des taches blanc grisâtre sont également visibles sur les jambes et le cou. Les jeunes naissent brun rougeâtre puis deviennent plus foncés au fur et à mesure qu'ils vieillissent pour atteindre leur couleur adulte vers l'âge de 5 ans.
HABITAT
Le tamarau est endémique à l'île de Mindoro (9 735 km²), où il était autrefois largement répandu sur la totalité de l'île. Cependant, l'aire de répartition actuelle est estimée à moins de 300 km², en seulement deux ou trois régions. L'espèce était plus répandue à l'époque préhistorique aux Philippines.
Auparavant, on trouvait le tamarau sur l'ensemble de l'île de Mindoro du niveau de la mer jusqu'à 1 800 m d'altitude. L'espèce est aujourd'hui confinée dans quelques régions éloignées à partir de 200 m d'altitude et est le plus souvent observée en forêt secondaire et les zones mixtes de forêts et de prairies.
ALIMENTATION
Le tamarau est un mammifèreherbivore dont le régime alimentaire se compose principalement de graminées. Il peut également se nourrir de fougères, de jeunes arbres, de palmiers, de gingembres et de fruits tombés. Il visite régulièrement les rivières et les ruisseaux pour se désaltérer et fréquente aussi les mares de boue.
REPRODUCTION
On ne connaît guère le système reproductif du tamarau. On ne sait pas comment s’effectue la sélection. Mâles et femelles vivent séparément et ne se rejoignent qu’à la saison de reproduction, entre décembre et mai. Après une période de gestation de 276 à 315 jours, la femelle donne naissance à un seul veau qui quittera sa mère vers l'âge de 2 ou 4 ans. Les jeunes femelles restent plus longtemps que les mâles. Lorsqu’ils quittent leur mère, les jeunes vivent en petits groupes jusqu’à leur maturité. Ils se reproduisent à partir de 6 ans. Les veaux sont élevés par leur mère, les mâles ne prennent pas soin de leur progéniture. L'espérance de vie du tamarau est estimée entre 20 et 25 ans.
COMPORTEMENT
Actuellement, le tamarau est un animal nocturne dans la nature, bien que ce soit probablement le résultat des perturbations humaines dans leur habitat. En captivité, ce bovidé a tendance à être plus actif en début de matinée, en fin d'après-midi et le soir.
À la différence d'un bon nombre d'autres bovidés, le tamarau semble être solitaire. Ceci peut s’expliquer comme une adaptation à la vie en forêt, où il leur serait difficile de vivre en troupeaux. Ce buffle est particulièrement agressif envers l'homme surtout lorsqu'il se retrouve acculé, mais la rareté de l'espèce fait de ces incidents un évènement inhabituel. Entre eux, les conflits se présentent généralement sous la forme d'animaux chassant l'autre, parfois sur des distances d'un kilomètre. La tête (surtout les cornes) est utilisée pour signaler l'agression, mais se réduit de telle sorte que les cornes sont à la verticale, puis secouées de gauche à droite.
Sur l'île de Mindoro, le tamarau n'a aucun prédateur naturel à part l'homme.
MENACES
Actuellement, la principale menace pesant sur le tamarau est la perte d'habitat due à l'accroissement de l'agriculture. Dans certaines régions, les feux allumés pour l'agriculture sont une menace pour l'habitat de l'espèce. L'élevage du bétail et les activités agricoles posent un certain nombre de menaces, comme le risque de propagation des maladies par le bétail domestique et la combustion des pâturages conduisant à un nombre réduit d'espèces d'herbes.
Pendant longtemps le tamarau était chassé pour sa viande et pour le sport ce qui a conduit à un déclin drastique du nombre d'individus et des populations. Avant la seconde guerre mondiale, la chasse a soigneusement été contrôlée, mais depuis lors, l'agrandissement des populations humaines, les opérations forestières, l'élevage et la large disponibilité des armes à feu sur Mindoro ont causé un déclin spectaculaire du nombre d'individus. Depuis les années 1980, la chasse sportive a réduit en raison du déclin de la population de tamarau, la fermeture des ranchs à proximité et la création de parcs nationaux. Le commerce international de cette espèce ou de ses dérivés n'a pas été signalée. Bien que protégé par la loi, le braconnage de cette espèce continue.
CONSERVATION
Le tamarau est considéré comme une espèce hautement menacée. Il est inscrit dans la catégorie En danger critique (CR) sur la Liste rouge de l'IUCN ainsi qu'en Annexe I de la CITES.
Le tamarau reçoit une protection totale en vertu des lois philippines. La plus grande des trois sous populations connues se produit dans le parc national du Mont-Iglit Baco. Un petit nombre sont maintenus en captivité dans les Philippines, mais le programme de reproduction en captivité n'a eu aucun succès. Sur les 21 individus capturés vers 1982, il n'en restait que neuf en 1997, et deux en 2006 dont l'un provient de la population d'origine et qui a été élevé en captivité. Il n'y a malheureusement pas d'autres élevages en captivité. Le programme d'élevage en captivité consistait à l'origine à placer les animaux dans un "pool génétique" semi-naturel sur Mindoro, mais ces animaux n'ont pas été gérés de manière efficace, pas plus que les techniques d'élevage axés sur la construction d'une grande population captive.
Les recherches nécessaires pour cette espèce comprennent entre autres une enquête minutieuse sur la population totale restant dans l'île pour déterminer s'il y a des populations existantes supplémentaires. Il est également nécessaire d'améliorer la conservation de l'habitat grâce à une gestion efficace. En outre, la faisabilité et la nécessité d'un nouveau programme de reproduction en captivité devraient être évaluées.