L'antilope du Tibet (Pantholops hodgsonii) est une antilope gracile endémique des hauts plateaux tibétains, principalement en Chine, avec des populations limitées au Népal et à l'Inde. Cette espèce est connue pour son incroyable adaptation aux conditions extrêmes des altitudes élevées, évoluant dans des environnements froids et secs. Ce bovidé est l'unique espèce formant le genre Pantholops. Son nom scientifique, hodgsonii, lui fut attribué pour rendre hommage au naturaliste britannique Brian Houghton Hodgson. L'antilope du Tibet est également appelée Chiru.
Antilope du Tibet (Pantholops hodgsonii) Source: Carnivora.net
L'antilope du Tibet est un mammifère bien adapté aux environnements hostiles des hauts plateaux tibétains. Un adulte mesure entre 75 et 85 cm de hauteur au garrot pour un poids allant de 25 à 55 kg. Les pattes sont fines et longues, adaptées à la course rapide et à la traversée des terrains accidentés. La queue est courte, mesurant environ 10 à 15 cm, et peu visible. Le dimorphisme sexuel est présent chez cette espèce. Les mâles sont non seulement plus grands, mais leurs cornes imposantes les distinguent nettement des femelles. Les femelles ont un corps plus élancé et une apparence plus discrète.
Le pelage est épais, dense et laineux pour résister aux températures extrêmes des altitudes élevées, pouvant descendre jusqu’à -40 °C. La couleur du pelage varie du beige clair au brun grisâtre, offrant un excellent camouflage dans les paysages arides et rocailleux. Le dessous du corps, ainsi que les parties internes des pattes, est généralement blanc.
Les mâles possèdent de longues cornes noires, droites et légèrement incurvées vers l’arrière, mesurant entre 50 et 70 cm. Ces cornes sont utilisées lors des combats pendant la saison des amours. Les femelles n’ont pas de cornes. Le museau est relativement court et arrondi, avec une structure nasale élargie qui pourrait jouer un rôle dans la régulation de la respiration à haute altitude.
Cette antilope était autrefois présente sur tout le plateau Qinghai-Tibet. Presque toute son aire de répartition se situe en Chine. Un petit nombre d'individus sont présents de façon saisonnière dans le nord-est du Ladakh, à l'extrême nord de l'Inde, et l'espèce était autrefois présente dans une petite zone du nord-ouest du Népal. Son aire de répartition a diminué et elle est désormais absente de la majeure partie du plateau oriental et du Népal. Le principal bastion de l'espèce se trouve dans la région de Chang Tang, au nord-ouest du Tibet.
Les antilopes du Tibet vivent dans des plaines de haute altitude, des collines ondulantes, des plateaux et des vallées montagneuses à des altitudes de 3 250 à 5 500 m, constituées de steppes alpines et désertiques et de prairies, caractérisées par une faible couverture végétale et une faible productivité primaire. La plupart des populations sont très migratrices ou nomades, se déplaçant jusqu'à 300-400 km entre les aires d'été et d'hivernage. D'autres ne sont pas migratrices ou migrent sur des distances beaucoup plus courtes.
Herbivore, l'antilope du Tibet se nourrit principalement d’herbes, de mousses et de lichens, adaptés à l’écosystème aride des plateaux tibétains. Son régime pauvre en nutriments est compensé par une capacité à digérer efficacement les plantes fibreuses.
La reproduction de l'antilope du Tibet a lieu principalement en hiver, entre novembre et décembre. Pendant cette période, les mâles deviennent très territoriaux et compétitifs, se battant pour l'accès aux femelles en utilisant leurs cornes longues et pointues. Les mâles dominants forment de petits harems de 5 à 12 femelles avec lesquelles ils s’accouplent. Les combats entre mâles peuvent être violents, bien qu'ils entraînent rarement des blessures graves. La période de gestation dure entre sept et huit mois, après laquelle la femelle donne naissance à un seul petit (rarement deux) entre mai et juin, souvent dans des zones reculées et protégées des prédateurs. Les nouveau-nés, bien que vulnérables, sont capables de se tenir debout et de suivre leur mère peu après la naissance. Les femelles assurent seules la protection et l’élevage des petits. Les jeunes restent avec leur mère pendant plusieurs mois, apprenant à se déplacer dans les environnements hostiles et à éviter les prédateurs.
L'antilope du Tibet est une espèce semi-nomade, effectuant des migrations saisonnières. En été, elle migre vers les zones de pâturage plus riches situées à des altitudes plus élevées. En hiver, elle redescend vers des zones plus basses pour éviter les températures extrêmes et trouver des ressources alimentaires. Les femelles et les jeunes vivent en troupeaux relativement importants, qui peuvent compter jusqu'à 100 individus. Les mâles adultes mènent une vie solitaire ou forment de petits groupes d’individus non reproducteurs, sauf durant la saison des amours.
L'antilope du Tibet est principalement active à l’aube et au crépuscule, périodes où la température est moins extrême. Très vigilante, elle détecte les menaces grâce à une excellente vue et à une ouïe fine. En cas de danger, elle s'enfuit à grande vitesse, pouvant atteindre jusqu’à 80 km/h sur de courtes distances.
Antilope du Tibet femelle et son petit Crédit photo: Xinhua Global Service - Xinhua, news.cn
PRÉDATION
L'antilope du Tibet est confrontée à une pression de prédation naturelle relativement limitée en raison de son habitat éloigné et inhospitalier. Cependant, certains prédateurs naturels influencent directement sa survie, en particulier pour les jeunes et les individus isolés.
Les loups de Mongolie (Canis lupus chanco) sont les principaux prédateurs de l'antilope du Tibet. Ils chassent généralement en meute, ce qui leur permet de cibler efficacement des individus vulnérables, comme les jeunes ou les adultes affaiblis. Les attaques se produisent fréquemment pendant l’hiver, lorsque la nourriture est plus rare et que les antilopes du Tibet se rassemblent en troupeaux.
Bien que moins dangereux pour les adultes, le renard du Tibet (Vulpes ferrilata) s’attaquent souvent aux nouveau-nés ou aux jeunes laissés momentanément seuls.
Les aigles, notamment l’aigle royal (Aquila chrysaetos), représentent une menace pour les jeunes chirus, en particulier dans leurs premières semaines, lorsqu’ils sont vulnérables et immobiles.
Bien que leur aire de répartition chevauche celle de l'antilope du Tibet de manière limitée, les panthères des neiges (Panthera uncia) peuvent s’attaquer aux individus isolés ou affaiblis lors de migrations vers des altitudes plus basses.
La prévalence et l'ampleur de la chasse commerciale à l'antilope du Tibet pour le shahtoosh (écharpe de laine) à la fin des années 1980 et dans les années 1990 ont conduit à un déclin sévère des effectifs. Depuis, les mesures visant à limiter la chasse illégale et la contrebande du produit sont devenues de plus en plus efficaces, mais la demande existe toujours et le maintien de contrôles stricts sur le braconnage, le commerce et la fabrication du tissu est essentiel pour garantir le statut de l'espèce. D'autres menaces importantes comprennent l'expansion de l'élevage de bétail dans des zones éloignées et auparavant inutilisées, la construction de routes et la clôture des pâturages sur le plateau tibétain. La construction de la ligne ferroviaire Beijing-Lhassa a menacé de diviser l'aire de répartition de l'antilope du Tibet, mais des mesures d'ingénierie, telles que des passages souterrains, ont permis à l'espèce de poursuivre sa migration dans une certaine mesure. Les antilopes du Tibet sont également vulnérables aux conditions hivernales rigoureuses, en particulier aux fortes chutes de neige, qui peuvent confiner les populations dans des zones limitées et entraîner une mortalité disproportionnée des jeunes, des subadultes et des femelles, probablement due à la malnutrition.
L'antilope du Tibet est également appelée Chiru Source: Tibetpedia
CONSERVATION
L'antilope du Tibet est considérée comme une espèce moyennement menacée. Elle est inscrite dans la catégorie Quasi menacé (NT) sur la Liste rouge de l'IUCN et en Annexe I de la CITES.
L'antilope du Tibet est protégée par la loi en Chine et en Inde, mais l'application de la loi sur la vaste zone de son habitat a été problématique, bien que les efforts se soient intensifiés depuis le début des années 1990. La sensibilisation du public à l'antilope du Tibet en Chine a augmenté, et certaines populations ont commencé à réagir. L'espèce est aujourd'hui présente dans plusieurs zones protégées. Ce réseau de réserves est important pour l'antilope du Tiubet en raison de son comportement migratoire, avec environ 75 % de ses voies migratoires protégées par ce réseau. Depuis 2002, le Fonds international pour la protection des animaux organise et parraine un atelier annuel pour le personnel des réserves naturelles et d'autres responsables des trois provinces chinoises où se concentre la majorité de la population (Tibet, Qinghai, Xinjiang).
L'antilope du Tibet est pratiquement inconnue dans les zoos, mais des petits sont nés et des orphelins ont été élevés avec succès dans un enclos clôturé de 200 ha dans son habitat naturel.