Le harfang des neiges (Bubo scandiacus), ou harfang, est un magnifique rapace appartenant à l’ordre des Strigidae. Cet oiseau est classé dans le genre Bubo, bien qu'il apparût autrefois dans le genre Nyctea. Il fut classé dans la nomenclature par Carl von Linné en 1758. Le nom Scandinas se réfère à la Scandinavie endroit où le harfang des neiges fut observé la première fois en Europe. D’autres noms lui ont été attribués au fil du temps tels que Chouette de l’Arctique, Fantôme de la toundra, Terreur blanche du Nord ou encore Ookpick nom donné à l’oiseau par les Inuits.
Ce superbe et majestueux hibou dépourvu d’aigrettes possède un plumage très caractéristique, blanc plus ou moins marqué de rayures et de points bruns, qui le rend facile à distinguer des autres oiseaux. Les femelles sont plus foncées que les mâles et les juvéniles le sont encore davantage. Chez les deux sexes, le plumage blanchit avec l’âge, le mâle pouvant devenir d’un blanc immaculé.
Comme les autres hiboux, le harfang possède une grosse tête arrondie, un visage aplati avec de grands yeux situés dans des disques appelés faciaux, un court bec fortement crochu et des doigts armés de serres pointues et crochues.
Ses yeux jaunes et sont très grands proportionnellement à sa taille (ils sont aussi grands que les nôtres). Ils sont aussi disposés vers l’avant et fixes, ce qui explique pourquoi le harfang doit tourner la tête si fréquemment. Il la tourne d’ailleurs souvent avec tant de rapidité qu’il laisse à l’observateur l’impression de pouvoir la déplacer sur 360 degrés. Son cou peut en réalité pivoter sur 270 degrés, sans plus ce qui en soi est déjà pas mal.
Le harfang est l’un des plus grands représentants de sa famille. Il mesure entre 56 et 68 cm de longueur. Comme chez de nombreux hiboux, la femelle est plus grande que le mâle. Il peut maintenir la température de son corps entre 38 et 40 °C, même lorsque la température de l’air atteint -50 °C.
La longévité d’un harfang est d’environ 9 ans en milieu naturel et peut aller jusqu’à 32 ans en captivité.
HABITAT
En Amérique du Nord, le harfang des neiges peut s’apercevoir dans l’ouest des îles Aléoutiennes, et du nord de l’Alaska, le nord du Yukon, et Prince-Patrick et le nord des îles Ellesmere vers le sud jusqu’à la côte ouest de l’Alaska, le nord de Mackenzie, le sud de Keewatin, l’extrême nord-est du Manitoba, Southampton et des îles Belcher, dans le nord Québec et le nord du Labrador.
Le harfang des neiges est un rapace de la toundra arctique, des zones herbeuses découvertes et des champs. Il s’aventure rarement en forêt. Quand il migre vers le sud, on le trouve le long des rivages des lacs, des côtes maritimes, des marais, et parfois, il se perche sur les immeubles des villes.
Dans l’Arctique, il se perche sur des tas de neige gelée (pingaluks) fréquents dans la toundra. Il niche du niveau bas des vallées aux terrains montagneux et aux plateaux, à plus de 1 000 m d’altitude.
Quand il hiverne dans l’Arctique, il fréquente la toundra balayée par les vents avec peu de neige et de glace. Dans les latitudes plus au sud, il se trouve plutôt sur les terres arables.
Le harfang des neiges est à la fois nocturne et diurne donc, il chasse le jour comme la nuit. Son excellente vision nocturne fait de lui un très bon chasseur.
Si le harfang des neiges réduit ses activités au maximum, il est capable de ne pas manger durant 40 jours ! Cependant, si sa volonté le veut bien, il peut manger jusqu’à 300 souris en un mois.
Dans la chaîne alimentaire de la toundra, le harfang occupe avec le renard la place la plus élevée : celle du prédateur. Cependant, dans ce système vivant très simplifié, ces carnivores spécialisés sont aussi très vulnérables. Très efficaces lorsque les lemmings sont abondants, ils sont voués à la famine ou à l’exil quand se raréfie ce gibier qui constitue l’essentiel de leur menu.
REPRODUCTION
Lorsque arrive la période de reproduction, le harfang des neiges mâle fait une parade, ainsi qu’un spectacle de vol, pour impressionner la femelle. Cet oiseau des neiges est un animal ovipare. Cela signifie que les petits naissent dans les œufs. Ces derniers éclosent hors du corps de la femelle.
Le harfang des neiges ne peut concevoir qu’une seule couvée par année. Cette dernière contient entre 3 et 14 œufs. L’incubation de ces œufs dure de 33 à 37 jours.
Pendant toute cette période, seule la femelle s’occupe de la couvaison et de l’entretien du nid. Le rôle du mâle est de protéger le nid et d’apporter de la nourriture à la femelle qui nourrit les oisillons. Si le père harfang disparaît pendant la période de croissance des jeunes, jamais la mère ne pourra les alimenter seule.
Les jeunes harfangs des neiges peuvent voler à l’âge de 50 jours et peuvent chasser seuls lorsqu’ils atteignent les 60 jours.
VOL
Le harfang des neiges a un vol puissant, direct et régulier, avec de fortes descentes et de rapides remontées. Il effectue des vols courts, près du sol, d’un perchoir à l’autre, et se pose souvent sur le sol ou assez bas.
Pendant les périodes plus chaudes, il s’autorégule en battant ou en étendant ses ailes.
MENACES
Comme bon nombre d’espèces de rapaces le harfang des neiges est un animal menacé.
Bien exposé aux conditions environnementales extrêmes en été comme en hiver, le harfang des neiges est superbement adapté pour faire face à ces défis. La pénurie alimentaire peut être un danger, mais la mobilité du harfang lui permet de se déplacer dans des zones où la nourriture est suffisante. Néanmoins, la famine peut être fatale pour les immatures ou les oiseaux inexpérimentés qui errent au-delà de l’aire normale d’hivernage.
Les activités humaines posent probablement le plus grand danger pour ces rapaces qui passent la saison de non-reproduction près des régions habitées. La collision en vol avec des lignes électriques, clôtures métalliques, automobiles ou d’autres structures sont une cause importante de mortalité chez les harfangs.
À une certaine époque la chasse était également l’une des principales menaces pour l’espèce. Les règlements provinciaux et territoriaux visent aujourd’hui à interdire l’abattage de ces oiseaux dans toutes les régions du Canada.
Le Canada soutient également des projets sur l’écologie de l’Arctique qui comprennent l’étude des harfangs des neiges. Par exemple, les travaux effectués dans l’île Bylot ont permis d’examiner les interactions entre le harfang, l’oie des neiges, le renard polaire et le lemming et a montré comment les oies bénéficient d’endroits de nidification près des harfangs, car ce dernier fournit à l’oie une protection sûre contre les prédateurs tel que le renard.
Cette espèce est un élément important de la chaîne alimentaire dans l’écosystème de la toundra et un bel exemple de complexes adaptations physiques et comportementales des conditions extrêmes de ce milieu. Lors de ses visites au sud, le harfang des neiges peut jouer un rôle utile dans le contrôle naturel des rongeurs dans les régions agricoles.
HISTOIRE
Il y a 14 000 - 15 000 ans environ, le harfang vivait en France dans la plaine d’Aquitaine. Les fouilles archéologiques de plusieurs gisements datant de la fin des temps glaciaires ont livré des ossements de cet oiseau. L’analyse de ces vestiges indique que les chasseurs-cueilleurs magdaléniens ont capturé et exploité la viande, les ossements et les plumes de ce rapace.
SAVIEZ-VOUS QUE ?
* Harfang est un mot qui vient de la langue suédoise et qui signifie mangeur de lièvres.
* Chez les Inuits, le harfang est appelé ookpick.
* Le harfang des neiges peut maintenir la température de son corps à environ 38°C même si les températures descendent en dessous de - 40°C.
* On retrouve des traces de ces majestueux hiboux dans la grotte de Bourouilla, près de l’actuel village d’Arancou dans le Pays basque. En effet, il y a 12 000 ans cet oiseau fascinait déjà les hommes de cro-magnon.
* Le harfang des neiges est l'emblème aviaire du Québec.
* Cette espèce a longtemps été classée sous le nom de Nyctea scandiaca avant d’être reclassé dans le genre Bubo.