Le pygargue à queue blanche (Haliaeetus albicilla) est un rapacediurne appartenant à la famille des Accipitridae. Il est le quatrième plus grand aigle du monde. Le pygargue à queue blanche est également appelé Grand aigle de mer ou Aigle barbu.
Avec plus de deux mètres d’envergure, le pygargue à queue blanche est le quatrième plus grand rapace d’Europe. Sa silhouette massive et sa grande taille sont ses points les plus caractéristiques. Ses ailes sont longues et larges et très nettement digitées (les plumes du bout des ailes sont semblables à des doigts).
La tête et le bec sont grands et font saillie vers l’avant lui donnant l’aspect d’un vautour. L’ensemble du plumage est brun foncé sauf la tête et la base du cou légèrement plus clair. Les oiseaux âgés ont la tête et le cou blanc. Les adultes ont la queue blanche. La moitié de la longueur des pattes est emplumée. La tête est large et le bec très massif. Les pattes et le bec sont jaunes.
Le juvénile est beaucoup plus foncé, gagnant progressivement le plumage adulte en cinq ou six ans. La queue et le bec sont foncés, et la queue présente une bande terminale foncée chez les pré-adultes, avant de blanchir.
HABITAT
Le pygargue à queue blanche est une espèce étroitement liée aux milieux aquatiques. Il vit près des côtes, des grandes rivières ou des lacs. À l’intérieur des terres il hante les bords des lacs et des fleuves propices à la prédation. Sur les côtes, il fréquente les falaises rocheuses escarpées. Il vit également dans la toundra et dans les forêts.
En Europe don aire de répartition s’étend du Groenland jusqu’au nord de l’Europe et en Sibérie. En-dehors de l’ex-URSS, trois pays accueillent une forte population de pygargues à queue blanche. Il s’agit notamment de la Norvège, l’est de l’Allemagne et la Pologne.
Le pygargue à queue blanche ne niche plus en France depuis le milieu du XXe siècle, date où le dernier couple nicheur de Corse a définitivement disparu.
Jusqu’au début des années 1980, ce géant parmi les rapaces était un hivernant et un migrateur exceptionnel dans nos pays, car les populations du nord de l’Europe étaient-elles aussi en forte régression. Depuis, le pygargue à queue blanche s’est refait une santé et les effectifs scandinaves et tout particulièrement norvégiens sont à nouveau florissants ce qui nous permet d’observer chaque hiver de plus en plus d’individus sur nos plans d’eau.
Le site le plus régulièrement occupé est représenté par le complexe des grands lacs réservoirs de Champagne : une dizaine d’oiseaux hivernent de début novembre à fin février sur les lacs du Der-Chantecoq et le lac de la Forêt d’Orient. D’autres zones humides comme l’étang de Lindre en Lorraine, le cours du Rhin en Alsace et la Camargue sont également régulièrement visités par un ou plusieurs individus.
ALIMENTATION
Le pygargue à queue blanche est à la fois un prédateur opportuniste et à ses moments un charognard. Il se nourrit principalement de poissons, de petits mammifères et d’oiseaux.
Au bord du Der, vous pouvez avoir la chance de le voir pêcher un beau poisson, mais il ne rechigne pas à poursuivre un héron cendré si celui-ci a trouvé une proie (le héron, poursuivi par le pygargue a vite fait de lâcher sa proie).
Le pygargue à queue blanche s’en prend également aux canards présents sur les plans d’eau et n’hésite pas à s’attaquer à une proie plus grosse si celle-ci lui paraît affaiblie (une oie cendrée ne l’intimide pas).
S’il revient bredouille de la chasse ou de la pêche, il se contentera des charognes qu’il pourra trouver.
TECHNIQUE DE CHASSE
La technique de chasse du pygargue à queue blanche est similaire à celle de tous les pygargues et aigles pêcheurs. Quand l’eau est calme, il rase la surface puis en projetant ses serres vers l’avant, il saisit sa proie. Il est inépuisable, aussi il poursuit ses proies jusqu’à leur épuisement.
Il peut aussi patauger dans l’eau peu profonde et capturer des poissons en restant immobile. Il pratique le piqué comme le balbuzard pêcheur mais c’est plus rare.
REPRODUCTION
Le pygargue à queue blanche niche principalement dans les arbres (pin sylvestre ou hêtre), dans de petits récifs côtiers ou encore sur de grandes îles. On le voit rarement faire son nid sur le continent. Celui-ci est particulièrement volumineux. Chaque couple en a plusieurs qui sont utilisés à plusieurs reprises et pendant une longue période (plusieurs années).
La femelle pond entre 2 et 3 oeufs par couvée sur un intervalle de 2 à 5 jours. L’incubation des oeufs dure environ 35 à 45 jours. La couvaison et l’éducation des poussins est assurée par les deux parents, mais surtout par la femelle qui les surveille en permanence pendant les 15 premiers jours qui suivent la naissance.
À quatre semaines, les jeunes pygargues peuvent rester seuls au nid tandis que les adultes partent chasser. Les juvéniles commenceront à voler vers l’âge de 2 mois et demi, tout en restant aux alentours du nid pendant encore 2 à 3 semaines. Il leur faudra encore 2 mois ou plus pour devenir indépendants et quitter définitivement l’aire familiale.
COMPORTEMENT
Le pygargue à queue blanche atteint sa maturité sexuelle vers l’âge de 5 ans. Mise à part en période de reproduction, ce rapace est particulièrement discret.
En Europe, les pygargues à queue blanche adultes sont en général sédentaires. Les spécimens nordiques, vivant au nord de la Russie et en Laponie, descendent vers le sud en hiver. Les oiseaux les plus âgés vagabondent, tandis que les jeunes bougent davantage en opérant de petites migrations.
Les couples sont unis pour la vie et se reproduisent dans le même territoire chaque année. Au printemps, les parades nuptiales qu’effectuent les couples sont très impressionnantes. Les 2 partenaires volent à environ 200 m de hauteur, proches l’un de l’autre, et effectuent des figures, des piqués et simulent des attaques.
Quand il ne chasse pas, le pygargue à queue blanche passe beaucoup de temps perché, sans bouger, sur un arbre, ou s’aventure en planant à travers son territoire.
VOL
Le pygargue à queue blanche tient ses ailes tendues à plat ou légèrement arquées quand il plane. Quand il glisse, elles sont serrées vers l’avant, et plutôt aplaties ou un peu arquées, souvent avec la main abaissée. Le vol est lourd, avec des séries de battements peu profonds, intercalés de courts glissés. En vol, le pygargue à queue blanche rappelle souvent le vautour.
Il pêche sur les eaux calmes qui lui permettent de voir les poissons. Quand une proie est repérée, il vole brièvement sur place, juste au-dessus, puis il la saisit au cours d’un vol rasant, en projetant rapidement ses serres dans l’eau.
OBSERVATION
Malgré sa taille impressionnante, observer un pygargue à queue blanche représente pour de nombreux ornithologues un évènement exceptionnel.
Hormis quelques cas isolés, la plupart des oiseaux ne sont guère visibles pendant la majeure partie de la journée. Comme la plupart des grands rapaces partisans du moindre effort, le pygargue à queue blanche ne part en chasse qu’une ou deux fois dans la journée puis passe le reste de son temps à se reposer.
S’il n’est pas dérangé, le pygargue à queue blanche peut rester bien en vue, perché sur un arbre ou carrément à même le sol ou sur la glace. Mais s’il souhaite davantage de tranquillité, il préférera alors se percher sur un arbre en pleine forêt où il restera plusieurs heures d’affilée. En clair, si vous avez loupé sa chasse matinale, inutile d’espérer le revoir avant le soir et même plutôt avant le lendemain matin.
MENACES
Si de nos jours, les effectifs du pygargue à queue blanche sont en légère augmentation. Cela est dû notamment à l’interdiction d’utilisation de polluants toxiques tels que le DDT (dichlorodiphényltrichloroéthane) et à une protection juridique dans toute l’Europe. Actuellement on compte environ 600 couples dans toute l’Union Européenne.
L’homme a depuis toujours tenté d’exterminer le pygargue à queue blanche et le nombre d’individus qui ont fini empaillé sur les cheminées de Champagne-Ardenne et de Lorraine montre bien que ce géant parmi les rapaces était autrefois un hôte régulier en hiver dans le quart nord-est de la France.
Aujourd’hui, hormis le dérangement par des naturalistes et des photographes animaliers peu scrupuleux qui traquent l’oiseau rare, la principale cause de mortalité du pygargue à queue blanche est l’électrocution sur les lignes de moyenne et haute tension.
Le nombre d’hivernants recensés en France, en Belgique et en Suisse a fortement augmenté depuis le début des années 1980. Seules restent les populations du pourtour méditerranéen, et notamment celles de Grèce qui continuent désespérément à décliner. Ce n’est malheureusement pas de sitôt que le pygargue à queue blanche volera à nouveau dans le ciel corse.
Les principales menaces dont doit faire face le pygargue à queue blanche de nos jours sont la chasse frauduleuse, la pollution des eaux, les prélèvements d’oeufs et de poussins ainsi que la destruction et la disparition des zones humides.
SOUS-ESPÈCES
Selon la classification actuelle, l'ITIS reconnaît deux sous-espèces distinctes de pygargue à queue blanche :