Le grand cachalot (Physeter macrocephalus) est un cétacé appartenant à la famille des Physeteridae. Cette baleine est l'unique représentant du genre Physeter. De toutes les créatures des eaux profondes, cet animal est probablement la plus mythique !!! Son allure de sous-marin, ses plongées à des profondeurs records, ses combats avec des calmars géants, son organisation sociale complexe et surprenante, tout chez ce cétacé fascine et fait rêver.
Le cachalot se distingue par une énorme tête carrée, la présence de dents pointues et des narines soudées en un unique évent. L’adulte mesure de 10 à 18 m et pèse de 20 à 50 tonnes, les plus grands spécimens étant les mâles.
Le corps est gris foncé ou noir avec quelques rares tâches sur le ventre. Il peut comporter des marques rectilignes et de nombreuses cicatrices, dues aux combats entre mâles ou avec des calmars géants. Le cachalot est capable de plonger à 3 000 m de profondeur, rien que pour chasser ces derniers.
Les nageoires pectorales sont petites. La nageoire dorsale, constituée d’une rangée de crêtes, est utile pour plonger. La nageoire caudale, triangulaire et fendue, est très puissante et mesure jusqu’à 4 m.
La tête est en forme de proue, avec un melon presque carré chez le mâle. Énorme, elle représente le tiers de la longueur et peut peser 16 tonnes. Cette taille s’explique par la présence du spermaceti, une poche d’environ 5 tonnes d’acétylpalmitate, un lipide de la classe des cérides, très prisé dans la fabrication de savon.
Les lèvres sont blanches. La mâchoire inférieure comporte entre 40 et 60 dents qui mesurent près de 20 cm et pèsent chacune 1 kg. C’est le seul cétacé dont l’évent, unique, est oblique (vers l’avant gauche).
Avec une masse pouvant atteindre 9 kg, le cerveau du cachalot détient le record du monde animal. Son intelligence et ses capacités cérébrales sont encore très mal connues, car il est difficile de l’étudier vivant. Les recherches actuelles laissent penser qu’il passe beaucoup de temps en demi-sommeil ponctué de rêves, se laissant dériver de longues heures. Il semble qu’il dorme à la verticale, la tête en bas.
HABITAT
Le cachalot vit dans tous les océans et presque toutes les mers, dont la méditerranée. Il fréquente surtout les régions abritant le calmar géant. Bien qu’il préfère les eaux équatoriales ou tropicales, le mâle adulte remonte jusqu’aux mers polaires.
ALIMENTATION
Le cachalot se nourrit principalement de céphalopodes comme les calmars ou les pieuvres, mais aussi de poissons et parfois de pinnipèdes tels que les phoques. Grand prédateur, il peut s’attaquer à des requins de 3 m. Sa proie favorite reste néanmoins le calmar géant, avec lequel il livre des combats titanesques.
Bien que l’on ait retrouvé dans l’estomac de certains cachalots des restes de calmars de plusieurs dizaines de mètres, il s’alimente généralement de grandes quantités de pieuvres d’un mètre.
REPRODUCTION
Tous les 3 à 5 ans, après une gestation d’une quinzaine de mois, la femelle met bas un unique petit de 4 m de long pour un poids dépassant déjà la tonne. Les jeunes tètent jusqu’à l’âge de plus d’un an. L'exogamie est un comportement observé par les membres d'un même groupe pour éviter tout problème de consanguinité
Le jeune cétacé ne quitte sa mère que vers l’âge de 6 ans et n’atteint sa maturité sexuelle que vers 10 ans. Il devient un adulte vers 30 ans et peut alors constituer un groupe et s’accoupler. Son espérance de vie est d’environ 70 ans.
VIE SOCIALE
D’un poids moyen de 8,2 kg pour un corps de 15 mètres l’encéphale sphérique du cachalot est proportionnellement plus lourd que celui de tous les autres cétacés. Il est aussi le plus complexe : son cortex frontal est plus riche en circonvolutions, en scissures et en gyrus divers que celui de n’importe quel autre mammifère au monde y compris l’être humain.
Un cerveau d’une telle taille ne s’explique pas aisément : Le requin baleine, qui est énorme, se contente d’un cerveau de poussin. Quand à la chauve-souris, tout aussi habile que le cachalot en matière d’écholocation, son crâne est gros comme une noisette. Rien n’indique que cet organe ait à traiter des données acoustiques de manière singulière. Les zones sensorielles sont relativement réduites en regard des zones associatives situées sur l’avant et les cotés du crâne et dévolues, comme chez l’homme, au langage et à la réflexion.
Pourtant, la vie quotidienne du cachalot parait simple et ne semble guère exiger de compétences cognitives exceptionnelles. La nourriture abonde encore dans l’océan et, à l’exception de l’homme et de certains orques voyageurs, le cachalot ne connaît pas d’ennemi.
Éduqué par sa mère et son clan féminin au sein de petites crèches bien protégées, le jeune cachalot fait l’objet de soins tendres et attentifs. Quand une mère doit plonger pour s’alimenter, le jeune qui ne peut la suivre à une telle profondeur, reste en surface seul et vulnérable. Il garde cependant en permanence le contact en émettant des cliquetis. En cas de danger, notamment un requin ou un orque, il alarme aussitôt les adultes.
Vers 15 ans, à la puberté, les juvéniles de sexe mâle quittent le giron maternel. Les femelles, par contre, restent groupées par familles sur la ligne de l’équateur et remontent en bandes vers le nord ou le sud, au gré de leur fantaisie et au prix de nombreux risques.
Ils y séjournent durant quelques années, le temps d’acquérir la taille et le poids qui feront d’eux des adultes, c’est-à-dire à l’âge de 35 ans puis s’en retournent vers les tropiques. Ils y retrouvent leur famille puis s’en vont en visiter d’autres.
Pour quelques uns d’entre eux, les plus énormes, les plus vieux, les retours se font pourtant toujours plus brefs, plus rares et bientôt, ils demeurent à jamais dans ces retraites polaires, achevant leur vie centenaire sous les glaces des banquises.
SON
Le cachalot produit des vocalisations formées généralement de clics. Les clics peuvent être émis suivant un rythme et des motifs variables. Tous communiquent en permanence et s’orientent grâce à leurs cliquetis sonores.
Pour communiquer et donner l'alarme, le grand cachalot émet des "clicks" très puissants, à des fréquences comprises entre 10 et 16 kHz. Chacun est formé de 1 à 9 impulsions très brèves, qui portent à plus de 10 km. En enchaînant les clicks, le grand cachalot peut émettre une vingtaine de minutes sans s'arrêter. On pense que le liquide enfermé dans sa grosse tête, qui régule sa flottabilité, focaliserait les sons émis qui jouent aussi le rôle d'ondes de sonar.
L’ORGANE À SPERMACETI
Le cachalot se distingue par un énorme organe à spermaceti qui occupe presque entièrement le sommet de la tête. Il s’agit d’une masse oblongue complexe de muscles et de tissu conjonctif contenant une substance huileuse, le spermaceti ou blanc de baleine, contenue dans une membrane appelée réservoir. Chez les grands mâles, cet organe peut contenir jusqu’à 4 tonnes de spermaceti.
Le spermaceti a la capacité de changer considérablement de densité avec la température. Il sert à modifier la densité de la tête de l’animal de manière à :
- Faciliter la descente
- Atteindre un état d’équilibre pendant la plongée
- Faciliter la remontée
PARTICULARITÉS
Tous les odontocètes ont des conduits naseaux asymétriques, mais ceux du cachalot sont particuliers ! Le conduit nasal gauche qui est le plus simple, part de la cavité située sous l’évent unique, contourne le coté gauche de l’organe à spermaceti avant de pénétrer dans le crâne. Le cachalot respire à travers ce tube musculaire qui peut se dilater.
Le conduit nasal droit est totalement différent. Il part également de la cavité situées sous l’évent, mais se dirige d’abord vers l’avant du museau, où il forme une grande chambre, le sac vestibulaire. Puis il repart en un large tube aplatit qui traverse l’organe à spermaceti jusqu’à la boite crânienne. Là il forme un deuxième sac, le sac nasofrontal, avant de pénétrer dans le crâne pour rejoindre le conduit nasal gauche dans une cavité commune, la cavité nasopalatine.
*Pendant la descente :
En faisant circuler de l’eau dans le museau, les conduits nasaux, qui traversent l’organe à spermaceti et les sacs vestibulaire et naseau frontal, pourraient permettre de refroidir le spermaceti qui se solidifierait et se rétracterai alors, augmentant ainsi la densité de la tête de l’animal pour l’aider à descendre.
L’eau froide des profondeurs agit également extérieurement en dissipant la chaleur de la tête du cachalot et donc du spermaceti. En outre, les plus grosses artères et veines du museau du cétacé sont disposées côte à côte. Ce système à contre-courant favorise le refroidissement du spermaceti par échange thermique car la chaleur du sang artériel qui arrive est partiellement transférée au sang veineux, plus froid, qui repart.
*Pendant la plongée :
Afin de fournir un minimum d’effort pour se stabiliser à la profondeur désirée, le cachalot pourrait affiner la température de son spermaceti de manière à lui donner la densité idéale régulant l’apport de sang artériel chaud dans les capillaires du museau. Ainsi, un des rôles de l’organe à spermaceti est comparable à celui de la vessie natatoire de certains poissons.
*Pendant la remontée :
La circulation sanguine dans les capillaires du museau peut être accrue. Le spermaceti ainsi réchauffé voit sa densité augmenter ce qui aide le cachalot à remonter avec un minimum d’effort après chaque plongée. Les eaux chaudes de surface accroissent également le réchauffement de la tête du cachalot et donc du spermaceti.
CHAMPION DE L’APNÉE
Après une dizaine de minutes durant lesquelles il respire en surface, le cachalot bascule, faisant émerger sa nageoire caudale, puis plonge entre 300 et 1000 m mais peut atteindre la profondeur abyssale de 3 000 m, où il capture les pieuvres et les calmars géants.
MENACES
Le cachalot était un animal très recherché pour sa précieuse huile et dans le seul hémisphère sud, 400 000 cachalots furent tués au cours du XXe siècle. Depuis 1986, date de l’entrée en vigueur du moratoire international sur la chasse commerciale à la baleine, la Commission baleinière international n’a plus jamais autorisé la chasse commerciale au cachalot.
En 1996, la population de cachalots de l’Atlantique nord à été évaluée et jugée non en péril par le comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC). Pour sa part, l’IUCN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) lui a attribué le statut d’espèce Vulnérable (VU).
LITTÉRATURE
*Moby Dick est le nom donné à un cachalot blanc, animal au centre du célèbre roman d’Herman Melville dont le titre original en anglais est "Moby Dick, or The Whale" (Moby-Dick ou le Cachalot). Melville s’est inspiré de deux faits réels :
- Le naufrage du baleinier Essex, qui sombra en 1820, après avoir affronté un grand cachalot, 3700 km au large des côtes de l’Amérique du Sud. L’un des marins survivants, Owen Chase, consigna cette aventure dans un livre qui parut en 1821.
- L’existence d’une baleine blanche, dans les années 1830, souvent aperçue à proximité de l’île chilienne de Mocha. Criblée de harpons, Mocha Dick attaquait régulièrement les baleiniers.
SAVIEZ-VOUS QUE ?
* Il a été noté que la plus grande dent de cachalot mesurait 25 cm de long, et que la plus grande mâchoire mesurait 5 m de long.
* Malgré que le cachalot soit essentiellement teutophage, on a retrouvé des requins, dont un de près de 3 m et des barracudas dans le ventre de certains cachalots.
* On aurait également retrouvé, dans certains cas extrêmes, des petits cétacés comme des dauphins et des marsouins dans l’estomac d’un cachalot.