Le beira (Dorcatragus megalotis) est une antilope appartenant à la famille des bovidés et à la sous-famille des Antilopinae. Il est endémique de la région aride de la Corne de l'Afrique, principalement en Somalie, à Djibouti et en Éthiopie. Cette espèce se distingue par son adaptation unique aux habitats rocheux et désertiques. Le beira est l'unique représentant du genre Dorcatragus.
Le beira est un mammifèreongulés mesurant entre 80 et 86 cm de long, de 50 à 60 cm de haut pour un poids allant de 9 à 11,5 kg. Le dimorphisme sexuel est présent chez cette espèce, les femelles ayant tendance à être plus grandes et lourdes que les mâles. La queue mesure de 6 à 7,5 cm de long. Seuls les mâles possèdent des cornes, qui sont courtes (7 à 10 cm), droites et légèrement annelées. Ces cornes sont utilisées principalement pour la défense ou pour dissuader d’éventuels rivaux.
Le pelage du Beira est fin et dense, avec une coloration brun sable sur la partie supérieure, se fondant parfaitement dans l'environnement désertique. La partie ventrale est blanchâtre. Une ligne plus sombre s'étend de la base des cornes jusqu’à la nuque.
Les oreilles, larges et allongées, mesurent environ 13 à 15 cm de longueur, ce qui représente une caractéristique distinctive de cette espèce. Elles sont particulièrement bien adaptées pour dissiper la chaleur et détecter les prédateurs dans un environnement hostile. Les pattes sont longues et fines, parfaitement adaptées pour se déplacer sur des terrains rocailleux. Les sabots sont petits, compacts et dotés d'une texture antidérapante.
Le beira est une espèce endémique du nord-est de l'Afrique, de l'extrême sud de Djibouti au nord de la Somalie et s'étendant légèrement jusqu'en Éthiopie. La majeure partie de l'aire de répartition se situe dans le nord de la Somalie [Somaliland], depuis la frontière occidentale avec Djibouti, jusqu'à l'est dans la région du Puntland et la vallée de Nogaal. D'après des informations historiques et récentes, les zones principales de la population sont : les collines d'Asse-Lahan Sheik, la région de Garoowe (Bur Cobohille), Wagar, Buuraha, Araweina, Ali Haidh et la région de Guban.
L'existence de l'espèce à Djibouti n'a été confirmée qu'en 1993, lorsqu'elle a été observée sur les flancs de collines de deux sites du sud-est, près des frontières avec la Somalie et l'Éthiopie. Des études récentes ont montré que l'aire de répartition à Djibouti est d'environ 250 km² et se situe dans la région montagneuse d'Ali Sabieh - Arrey - Assamo. En Éthiopie, l'espèce est connue dans les montagnes de Marmar, le long de la frontière avec le nord-ouest de la Somalie. Aucune information récente n'est disponible sur son statut dans cette partie du pays, où résident désormais un grand nombre de pasteurs armés et leur bétail. Au Somaliland, elle reste largement réparti et peut être présent dans de nombreux sites dotés d'un habitat approprié.
Le beira est souvent situé sur des collines et des pentes rocheuses ou pierreuses, où la végétation dominante est une steppe boisée de broussailles mixtes d'acacias. Au Somaliland, de nombreux sites se trouvent sur des collines à sommet plat avec des flancs rocheux abrupts.
Le beira est un mammifèreherbivore dont le régime alimentaire est adapté aux ressources limitées de son habitat. Il consomme principalement les feuilles des arbustes et les buissons épineux qui représentent une grande partie de son alimentation. Il sélectionne souvent des espèces riches en eau pour compenser la rareté des points d'eau. Durant la saison des pluies, le beira se nourrit d'herbes tendres et de jeunes pousses. Il consomme également des plantes succulentes qui contiennent une grande quantité d’eau, ce qui lui permet de survivre de longues périodes sans boire.
La reproduction chez le beira est influencée par les conditions climatiques et la disponibilité des ressources. Les femelles atteignent la maturité sexuelle vers l’âge de 8 à 12 mois, tandis que les mâles sont prêts à se reproduire à partir de 12 à 18 mois. Bien qu'aucune saison de reproduction stricte ne soit observée, les naissances sont plus fréquentes après la saison des pluies, lorsque les ressources alimentaires sont abondantes. La gestation dure environ 6 à 7 mois, après quoi une seule progéniture est mise au monde. Les naissances de jumeaux sont extrêmement rares. La mère cache son petit dans les broussailles ou entre les rochers pour le protéger des prédateurs. Les petits sont allaités pendant environ 2 à 3 mois, après quoi ils commencent à brouter. Dans la nature, le beira vit en moyenne 8 à 12 ans, bien que cette durée puisse être plus courte en raison des prédateurs et des conditions difficiles.
Le beira est une espèce discrète et timide, caractérisée par plusieurs comportements qui lui permettent de survivre dans des environnements hostiles. Il est principalement crépusculaire, ce qui signifie qu’il est actif tôt le matin et en fin de journée. Cela lui permet d’éviter la chaleur extrême du désert. Son territoire est souvent situé près de sources de végétation ou de petits cours d’eau temporaires. Les Beiras vivent généralement en petits groupes familiaux de 2 à 4 individus, composés d'un mâle, d'une ou deux femelles, et de leurs petits. Les mâles sont territoriaux et marquent leur territoire avec des sécrétions glandulaires. Les combats entre mâles sont rares, car les individus évitent les confrontations directes. Les interactions entre individus impliquent des signaux visuels et olfactifs. Les vocalisations sont rares et limitées à des situations de stress ou d’alarme.
La prédation est un facteur clé affectant la population du beira. Bien que son habitat difficile d'accès offre une certaine protection, il reste vulnérable à plusieurs prédateurs :
* Léopard : Le léopard est le principal prédateur du beira. Grâce à son agilité, le beira peut le poursuivre sur des terrains rocailleux, bien que ce dernier reste très difficile à attraper en raison de sa vitesse et de son agilité.
* Hyène rayée : Opportuniste, la hyène rayée s'attaque principalement aux jeunes beiras ou aux individus affaiblis.
* Chacal doré : Bien que moins fréquent, le chacal doré est capable de chasser les jeunes beiras ou de profiter des proies blessées.
* Caracal : Le caracal est une menace modérée, surtout pour les jeunes ou les beiras pris par surprise.
* Oiseaux de proie : Les grands rapaces, tels que l'aigle martial (Polemaetus bellicosus), peuvent constituer une menace pour les jeunes beiras. Ces oiseaux frappent par surprise, souvent depuis un perchoir ou en piqué.
* Humains : La chasse par les humains, bien que limitée dans l'aire de répartition du beira, représente une menace indirecte, principalement pour sa viande ou à cause de la compétition avec le bétail.
La sécheresse, la dégradation de l'habitat en raison du surpâturage par le bétail domestique, la chasse incontrôlée, la coupe des arbres et des broussailles pour les exportations de charbon de bois dans la région du Golfe sont les principales menaces pesant sur le beira. La production de charbon de bois a considérablement augmenté et constitue une menace en raison de la suppression des arbres d'ombrage essentiels. La petite taille de la beira, sa méfiance et l'habitat rocheux qu'elle préfère lui permettent d'éviter une forte pression de chasse.
CONSERVATION
Le beira est actuellement considéré comme une espèce menacée. Il est inscrit dans la catégorie Vulnérable (VU) sur la Liste rouge de l'IUCN.
Actuellement, il n'existe aucune zone protégée au sein de l'aire de répartition du beira. De plus, aucun programme actif ne permet de protéger l'espèce. La mesure de conservation la plus importante est le maintien de l'interdiction de la chasse. Une proposition a été soumise au gouvernement de Djibouti pour la création d'une aire protégée dans les montagnes du sud de l'Aser-Jog. Il existe aujourd'hui une petite population d'élevage en captivité à Al Wabra, au Qatar.