La chouette lapone (Strix nebulosa) est un rapacenocturne appartenant à la famille des Strigidae. Elle est l'une des nombreuses espèces formant le genre Strix. Parmi les membres de la famille des chouettes, la chouette lapone est la plus grande représentante en Amérique du Nord. La chouette lapone était autrefois appelée Chouette cendrée.
La chouette lapone est avec le grand-duc d’Europe et le kétoupa de Blakiston le plus grand hibou du monde. Elle peut mesurer en moyenne entre 60 et 83 cm de longueur pour un poids allant de 700 g à 1,8 kg.
Les adultes ont une grosse tête arrondie avec un visage de couleur grise et les yeux jaunes sombres. La face inférieure est claire avec des stries sombres. Les parties supérieures sont plutôt gris pâle. Ce hibou n’a pas d’aigrettes et possède le plus grand disque facial du monde des rapaces.
Sa grande taille est trompeuse car la chouette lapone est recouverte d’une épaisse couche de plumes duveteuses et une longue queue. En fait, elle pèse beaucoup moins lourd que la plupart des autres grands hiboux. Les mâles sont généralement plus petits que les femelles comme c’est le cas pour la plupart des espèces de chouette.
L’espérance de vie de la chouette lapone est d’environ 13 ans.
HABITAT
La chouette lapone fréquente principalement les forêts boréales, les prairies, les forêts touffues, les bordures des champs, les marais et les tourbières. On trouve la chouette lapone surtout en Amérique du Nord mais également en Asie au Nord de la Chine. On peut également l’observer occasionnellement dans certains pays d’Europe.
ALIMENTATION
Malgré sa taille imposante, la chouette lapone s’attaque surtout aux petits rongeurs. Son menu se compose plutôt de souris, de campagnols, de musaraignes et de taupes. Mais elle peut également s’en prendre à des proies de taille plus conséquente si l’occasion s’en présente, comme par exemple les lièvres, les moufettes et les rats musqués. Les oiseaux ne sont pas non plus épargnés. Elle chasse volontiers les lagopèdes, corbeaux, faisans et les tétras.
Les victimes sont avalées tout rond. La chouetterégurgite sous forme de pelotes de réjection les parties qu’elle ne peut digérer, comme les os et la fourrure.
REPRODUCTION
En majorité les chouettes lapones n’atteignent leur maturité sexuelle qu’à l’âge de 2 ou 3 ans. Elles nichent dans des anciens nids de corneilles ou de rapaces auxquels elles n’apportent que très peu de modifications.
La femelle pond entre 3 et 5 œufs par couvée. L’incubation dure entre 28 et 30 jours. Pendant que la femelle les couve tranquillement, le mâle s’affaire à chasser et à ramener de la nourriture pour sa compagne.
Au terme de l’incubation les jeunes chouettes sortent de l’oeuf. Les juvéniles sont dit nidicoles et ne prendront leur envol qu’au bout de 60 à 65 jours.
COMPORTEMENT
La vie du grand nord est plus difficile que partout ailleurs. La chouette lapone doit donc chasser une grande quantité de rongeurs pour garder la force de voler, car elle ne connait pas les secrets de l’hibernation pendant les périodes de grand froid. Aussi n’est-il pas rare de la voir s’aventurer en plein jour pour faire sa quête de souris.
En principe, elle est sédentaire malgré les rigueurs du climat mais si les provisions viennent à manquer, elle entame une courte migration vers des contrées méridionales. La chouette lapone vole généralement à faible hauteur, ses plumes épaisses et souples lui permettent de le faire silencieusement.
Lorsqu’elle chasse, pieux de clôtures, arbustes et arbres peu élevés lui servent de postes d’observation. Grâce à sa vue perçante, elle peut repérer ses proies de très loin. Son ouïe très fine lui permet aussi de détecter la présence de petits rongeurs sous la neige.
PRÉDATEURS
Les prédateurs de la chouette lapone sont peu nombreux. Les plus agressifs sont souvent les autres rapacesnocturnes de grande taille qui s’attaquent autant aux jeunes qu’aux adultes. Elle doit principalement se méfier de la chouette rayée, la chouette tachetée, du hibou grand-duc d’Amérique ou encore du hibou grand duc d’Europe.
Certains mammifèrescarnivoresarboricoles tels que le pékan ou la zibeline s’en prennent aux jeunes, particulièrement exposés une fois que les adultes ont quitté le nid pour partir chasser.
MENACES
Outre la déforestation et la disparition des cavités naturelles, les périls affectant les chouettes et les hiboux ne sont que trop nombreux. Certains de ces périls sont liés au mode de vie nocturne de la plupart de ces oiseaux, d’autres sont en relation avec leur position de prédateur.
Comme danger premier, on pourrait par exemple citer la circulation automobile qui fait de véritables ravages. Des études ont démontré que c’est le rapace qui paie le plus lourd tribut à la circulation routière. La chouette effraie est également très fragile par rapport à cette menace. En France, ces dernières représentent 50 % de la mortalité de l’espèce, et il a été estimé qu’en moyenne une effraie meurt chaque année par kilomètre d’autoroute.
Les collisions avec les câbles électriques sont également très meurtriers. Dans le Midi de la France, par exemple, ceux-ci causent chaque année la disparition de plusieurs grands ducs, une espèce rare et menacée.
Entre les années 1950 et 1980, les rapaces, tant diurnes que nocturnes, ont eu à supporter les effets désastreux de l’utilisation des pesticides organochlorés, dont le DDT. Concentrés au long de la chaîne alimentaire, ces produits toxiques aboutissaient aux prédateurs, empoisonnés par leurs proies. On a ainsi constaté une baisse de la fécondité des espèces concernées et une chute parfois inquiétante des effectifs. Avec l’arrêt de l’utilisation des substances incriminées, la situation s’est améliorée et l’on observe une tendance au retour à la normale.
Un autre point positif est la protection légale dont les chouettes et les hiboux bénéficient depuis des décennies. Cette protection a permis de mettre à l’index quelques pratiques telles que les chouettes clouées aux portes des granges ou encore du "piège à poteau". À lui seul cet appareil, tirant parti des habitudes des oiseaux chasseurs de se poster sur les poteaux de clôture, causait chaque année la perte de milliers de rapaces.
Malheureusement, les chouettes et les hiboux souffrent de la déforestation, qui réduit considérablement leur habitat et diminuent les sites de nidification potentiels.
SOUS-ESPÈCES
Selon la base de données taxonomique, l'ITIS reconnaît deux sous-espèces distinctes de chouette lapone :