Le requin blanc (Carcharodon carcharias) est une espèce de requin appartenant à la famille des lamnidés. Ce poisson est le plus grand prédateur vivant dans nos océans. Le requin blanc est le seul représentant du genre Carcharodon, auquel appartenait également le gigantesque mégalodon (Carcharodon megalodon).
Le requin blanc est un requin exceptionnellement grand mesurant en moyenne ente 4 et 6 m pour un poids d'environ 2 tonnes. Officiellement, le plus grand spécimen pêché et reconnu par les scientifiques mesurait 6,40 m et pesait 3 220 kg.
Il possède un museau conique assez long. Ses dents, tranchantes comme des lames de rasoir, sont plates, triangulaires et dentelées et peuvent mesurer sept centimètres de long dont six centimètres dépassent des gencives. Sa mâchoire impressionnante comporte entre quatre et six rangées de dents dont seules les deux premières sont fonctionnelles. Quand il lui arrive de perdre une dent, une autre de la rangée arrière vient prendre sa place. La mâchoire de ce requin est dotée entre quarante-quatre à cinquante deux dents.
Si les fentes branchiales sont très longues, elles n'encerclent pas totalement la tête. Ces branchies précèdent les nageoires pectorales de forme falciforme et bien développée. La nageoire caudale est courte, presque symétrique en forme de croissant.
Super-prédateur des océans, le requin blanc a néanmoins son point faible. En effet, pour survivre, il doit être en mouvement constant afin de pouvoir s'oxygéner en permanence.
HABITAT
L’aire de répartition du requin blanc est immense. C’est un requin cosmopolite que l’on retrouve dans toutes les mers et les océans du globe. On peut l'observer en Australie, en Afrique du Sud, près des côtes californiennes ainsi que dans les Caraïbes. Il est également présent dans l'océan Pacifique, près des côtes hawaïennes, du Japon aux Philippines, de la Nouvelle-Calédonie à la Nouvelle-Zélande. Il arrive aussi que l'on puisse le rencontrer au large des côtes de l'Alaska. Il est, par contre, devenu très rare en mer Méditerranée à cause du trafic commercial entre l'Europe et l'Afrique du Nord.
Le requin blanc se trouve principalement dans les eaux côtières tempérées où l’on atteint très vite des profondeurs abyssales. Bien qu’il vît près des côtes, on a déjà pu l’observer dans des zones épipélagiques. C’est un amateur des eaux peu profondes ne dépassant guère les 30 m. C'est un amateur des eaux peu profondes, mais un spécimen a cependant été pêché sur une longue ligne de 1 280 m.
ALIMENTATION
Le requin blanc est ce que l’on appelle un prédateur dont toutes les espèces marines sont pour lui des proies potentielles. Ses seuls ennemis sont l’homme et l’orque.
Ce requin est avant tout un chasseur spécialisé dans la chasse aux phoques et aux otaries. Il sait néanmoins se montrer opportuniste (pas autant que le requin-tigre) et peut donc manger à peu près tout ce qu'il rencontre. Il lui arrive notamment de s'attaquer à d'autres requins, aux tortues ou encore aux oiseaux de mer. Les plus jeunes se nourrissent plutôt de poissons.
Le régime alimentaire du requin blanc se compose plus précisément de phoques et d'otaries ainsi que d'autres mammifères marins pouvant lui apporter un apport de graisse suffisant pour nourrir sa masse imposante.
Les requins blancs du Cap ont adopté une technique de chasse unique en son genre. Pour surprendre une otarie, il se met à l’affût près du fond et remonte comme une torpille pour la percuter. Sa vitesse est telle qu’il bondit hors de l’eau. L’attaque est évidemment fatale pour la proie. Les scientifiques désignent cette forme d’attaque sous le nom anglais de breaching, ce qui veut dire créer une brèche.
REPRODUCTION
Le cycle de reproduction du requin blanc est lent et assez méconnu. On estime que le mâle atteint sa maturité sexuelle à l’âge de 10 ans. C'est une espèce ovovivipare. Les œufs éclosent dans l'utérus de la femelle. Comme chez les autres Lamnidae, le cannibalisme utérin existe car les premiers sortis de leurs coquilles se nourrissent des autres oeufs. Le temps de gestation n’est pas encore connu, il est estimé entre 12 et 18 mois. À la naissance les jeunes requins blancs mesurent entre 1 et 1,60 m. Ce sont alors déjà des prédateurs capable de survivre. Leur espérance de vie n'est pas véritablement connue, mais est estimée entre 23 et 60 ans
COMPORTEMENT
Le requin blanc se déplace souvent seul ou par paires, mais jamais en bancs. S’il arrive d’observer un même spécimen plusieurs années de suite dans les mêmes eaux, la territorialité n’a jamais pu être démontrée.
La crainte viscérale qu’il génère provient avant tout de sa taille par rapport à l’homme ainsi que sa méconnaissance. Pourtant, il a déjà démontré qu’il est doté d’une certaine intelligence. Par exemple, il est le seul squale à sortir la tête hors de l’eau pour observer. Certaines expériences scientifiques ont montré qu’il était capable d’apprendre des tours, à l’instar des dauphins et orques, pour obtenir du poisson. Des cas ont pu être observés où des scientifiques approchaient le requin sans cage de protection ou encore de leur caresser le museau sans qu’aucune agressivité de l’animal ne soit détectée.
Le requin blanc recèle encore beaucoup de surprises. S’il venait à disparaître, cela entraînerait de nombreux problèmes dans l’écosystème des océans dont les conséquences seraient désastreuses.
MENACES
Bien que le requin blanc soit leprédateur des océans, il n'en reste pas moins une espèce menacée. Son statut de grand prédateur attire la convoitise des pêcheurs sportifs qui ne rêvent que d'une chose : inscrire à leur tableau de chasse la prise d'un grand blanc. Les menaces qui pèsent sur l'espèce sont multiples et les impacts majeurs sur les requins blancs proviennent principalement des actions malveillantes ou intentionnelles de l'homme :
- La pêche sportive intentionnelle dont les buts sont principalement de capturer le plus gros spécimen en vue de records ou encore pour les trophées que représentent les mâchoires et les dents.
- La pêche opportuniste à caractère commercial pour des gadgets de valeurs comme les mâchoires et les dents qui coûtent extrêmement cher si celles-ci proviennent d'animaux grands et surtout rares, ainsi que d'autres produits tels que les ailerons vendus surtout pour les marchés asiatiques.
- Les captures accidentelles qui servent néanmoins à fournir les marchés en ailerons et en mâchoires, la carcasse étant inutilisée.
- La pêche artisanale
- Les programmes de protection des baigneurs visent également à éliminer les menaces que représente la présence de requins dans les stations balnéaires ou de surf.
- La persécution de l'espèce par d'autres utilisateurs de la mer telle que les pêcheurs et les éleveurs de poissons
- La dégradation de l'habitat du requin blanc représente également une lourde menace pour l'espèce
- La réduction progressive des proies potentielles due à la pêche et la chasse à outrance.
- Les perturbations provoquées par l'adoption d'opérations écotouristiques non contrôlées
Chaque année, toutes espèces confondues, plus de cent millions de requins sont exterminés par l'homme, mais on pense que ce chiffre, bien qu'élevé, est certainement sous-estimé. La chaire du requin est particulièrement appréciée et utilisée pour les engrais, les fertilisants, pour approvisionner les marchés asiatiques (ailerons). La peau, les dents et les cartilages sont également vendus car ils sont utilisés dans la fabrication de médicaments.
Le requin blanc est, comme le requin-baleine et le requin-pèlerin inscrit à l'Annexe II de la CITES. Il est également classé sur la Liste rouge de l'IUCN comme espèce vulnérable (VU). Il est difficile de prévoir précisément quel impact un déclin continuel du requin blanc aura sur l’écosystème, mais, en l’absence d’informations plus précises, les rôles de ces poissons ne doivent toutefois pas être sous-estimés. L’élimination sans discrimination des grands prédateurs des habitats marins pourrait causer un désastre pour l’équilibre des écosystèmes marins.
FICTION ET RÉALITÉ
Le requin blanc a été popularisé, voire stigmatisé, au cinéma par la quadrilogie des Dents de la mer. Cette saga a fortement contribué à augmenter la terreur qu'il inspire dans l'imaginaire collectif, sentiment injustifié au regard des statistiques.
Si dans l'ensemble, les Dents de la mer est un film plutôt bien documenté, la fiction rattrape très vite la réalité. Il est vrai que le requin blanc est l'une des rares espèces de requin qui attaque l'homme, il peut sauter hors de l'eau et atteint une taille impressionnante. Néanmoins, le requin blanc, contrairement à la représentation faite dans le film, n'est pas le tueur en série qui a pour prédilection la chasse à l'homme et qui s'en nourrit. S'il ne fait aucun doute qu'il est à l'origine d'attaques sur des surfeurs, plongeurs ou kayakistes, il s'agit presque toujours d'erreurs de la part du requin et non d'une stratégie de chasse qui placerait l'homme au deuxième rang de la chaîne alimentaire.
Contrairement au requin-tigre, le requin blanc décide de ce qu'il va manger en mordant sa proie et rejette inlassablement ce qui ne lui convient pas. C'est probablement la raison pour laquelle 75 % des personnes attaquées par un requin blanc sont relâchées après la première morsure. On a parfois soupçonné un même requin d'avoir agressé mortellement plusieurs personnes. En 1916, dans le New Jersey, une telle attaque a partiellement inspiré le scénario original des Dents de la mer. Pourtant contrairement au film, il n'y a que peu d'éléments fiables indiquant des attaques de bateaux, thème récurrent d'ailleurs que l'on voit dans tous les films du même genre. Si le requin blanc peut être agressif et violent, son agressivité se limite aux proies et non aux objets inanimés.
D'autres ambiguïtés persistent également sur les données physiologiques faites dans le film. Le requin blanc (tout comme les autres espèces de requins sont incapables de nager en arrière comme on peut le voir dans le troisième volet de la saga. Toutefois, dans la plupart des cas, les cinéastes ne sont rendus coupables que d'exagérations. Certains biologistes ont par exemple exprimé leurs doutes quant à la taille des requins représentés dans les films.
SAVIEZ-VOUS QUE ?
* Le requin blanc est le seul requin et peut-être même le seul poisson à pouvoir voir en couleur comme l’homme.
* La réputation de mangeur d’hommes qu’il inspire est totalement exagérée, car on ne recense que quelques dizaines de cas mortels lors des cinquante dernières années.
* Statistiquement, il y a des millions de fois plus de chances d’être tué dans un accident de voiture, de se noyer, d’être foudroyé ou de mourir d’une piqûre d’abeille que de se faire attaquer par un requin blanc, et ce, même dans les régions où il est commun.
* Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le requin blanc n’est pas le requin qui attaque le plus souvent l’homme, contrairement au requin-tigre ou encore au requin bouledogue.