L'euplère de Goudot est un petit mammifère dont la taille varie entre 45 et 65 cm de long du bout du museau jusqu'à la base de la queue pour un poids allant de 2,5 à 4,5 kg. La queue mesure de 22 à 25 cm de long.
Alors que l'euplère de Goudot est considéré comme un carnivore ayant une apparence de mangouste, ses dents coniques ressemblent donc fortement à celles des insectivores. Légèrement plus grand qu'un chat domestique, cet eupléridé a un corps trapu avec une petite tête, de grandes oreilles et un museau allongé. Sa fourrure est douce et dense et les poils plus longs sur la queue cylindrique lui donnent une apparence plutôt touffue. Les pattes avant, armées de griffes impressionnantes, sont bien développées pour creuser.
La coloration du pelage varie entre les deux sous-espèces existantes. Celle vivant dans la partie occidentale de l'île (Eupleres goudotii major) est brunâtre ou grise, tandis que celle vivant dans la partie orientale (Eupleres goudotii goudotii) est de couleur fauve sur le dos et plus clair sur les parties inférieures.
Bien que classé dans la sous-famille des Euplerinae au côté de son plus proche parent, la civette malgache, l'euplère de Goudot possède plusieurs particularités qui nécessitent un classement dans un genre distinct. Par exemple, les glandes péri-anales sont absentes, les griffes ne sont pas rétractiles et sa dentition est assez particulière pour un carnivore.
HABITAT
L'euplère de Goudot est un animal endémique de l'île de Madagascar. La sous-espèce orientale se produit depuis la région d'Andohahela dans le coin sud-est de l'île jusqu'au nord du massif du Marojejy. La sous-espèce occidentale a une distribution plus petite qui va du massif du Tsaratanana dans le nord-ouest, au sud de la limite nord de la zone du parc national d'Ankarafantsika. On trouve également une autre population dans l'extrême nord de l'île, mais il n'a pas encore été déterminé à quelle sous-espèce elle appartient.
Dans la partie orientale de l'île de Madagascar, l'euplère de Goudot vit dans les forêts tropicales humides denses, tandis que dans la partie occidentale on le trouve dans des zones non perturbées plus sèches comme les forêts à feuilles caduques. Quelques spécimens ont également été observés dans les marais. L'espèce est plus ou moins répandue dans un habitat restant convenable, bien que rare dans toute son aire de répartition avec une population estimée à moins de 2 500 individus matures.
ALIMENTATION
Bien que classé parmi les carnivores, le museau et la dentition de l'euplère de Goudot fait plutôt penser à un insectivore. Son régime alimentaire se compose presque exclusivement de vers de terre, d'insectes et autres invertébrés (limaces, escargots, larves). Son museau allongé et ses petites dents coniques sont bien adaptés à la recherche de nourriture dans le sol pour ce régime alimentaire spécialisé, et ses pattes musclées et ses longues griffes lui permettent de creuser facilement pour dénicher ses proies. Les amphibiens sont également consommés occasionnellement.
REPRODUCTION
Chez l'euplère de Goudot, la saison de reproduction se produit entre juillet et août. Après une période de gestation d'environ 3 mois, la femelle donne naissance à 1 ou 2 petits dans un terrier qu'elle aura au préalable aménagé. Les nouveau-nés sont particulièrement bien développés, couverts de fourrure, les yeux ouverts, et pesant environ 150 g. Après seulement 2 jours, ils sont déjà capables de suivre leur mère pour rechercher de la nourriture. À 9 semaines, les jeunes sont sevrés et peu de temps après ils quittent leur mère. Bien qu'ils soient rapides à acquérir leur mobilité, ils grandissent à un rythme relativement plus lent que la plupart des autres carnivores.
COMPORTEMENT
L'euplère de Goudot est un animal nocturne et crépusculaire qui vit essentiellement en solitaire. Il passe ses journées à se reposer dans des terriers ou des crevasses rocheuses. Cet eupléridé défend de vastes territoires, marquant les limites à l'aide de ses glandes odoriférantes situées autour de l'anus et du cou.
En automne, jusqu'à 800 g de graisse sont accumulées dans la queue de l'euplère, une stratégie pour assurer sa survie durant les mois frais de l'hiver quand la nourriture se fait rare. Ceci a conduit à des suggestions que l'espèce pourrait hiberner pendant l'hiver, bien que des individus actifs aient été observés à cette période de l'année.
MENACES
Les impacts d'un certain nombre de menaces ont entraîné une réduction du nombre et de la distribution de l'euplère de Goudot. La menace la plus importante, et la cause de ces baisses, sont la destruction de l'habitat, la déforestation ayant laissée peu de forêts intactes à Madagascar et les marais sont de plus en plus drainé. La prédation par les chiens domestiques a également un impact sur les populations, tout comme la chasse, dans la mesure où la viande de falanouc est fortement demandée par la population humaine locale. Il a également été suggéré que la concurrence avec la petite civette indienne (Viverricula indica), introduite à Madagascar par l'homme, peut aussi avoir joué un rôle dans le déclin de l'espèce.
CONSERVATION
L'euplère de Goudot est actuellement considéré comme une espèce menacée. Elle est inscrite dans la catégorie Vulnérable (VU) sur la Liste rouge de l'IUCN et en Annexe II de la CITES.
Malgré les menaces, l'euplère de Goudot reste relativement répandu dans un habitat convenable, bien que nulle part il ne soit commun. Il se produit dans un certain nombre de parcs nationaux, tels que ceux de Ranomafana, Masoala, Mantadia, Verezanantsoro et la Montagne d'Ambre.
En 1989, l'IUCN a publié un plan d'action de conservation dans lequel l'IUCN/SSC Mustelid and Viverrid Specialist Group recommande un certain nombre de mesures de conservation pour la préservation de cet eupléridé. Il s'agit notamment de l'amélioration de la protection des réserves où vit l'espèce, une déclaration des marais comme zones de conservation, et une mise en œuvre complète de protection à l'échelle nationale. Le lancement d'un programme international de reproduction en captivité coordonnée a également été recommandé, mais l'euplère de Goudot est très sensible au stress, et donc difficile à maintenir en captivité. L'impact positif de la mise en oeuvre de ces mesures pourrait assurer la survie de ce carnivore rare mais les résultats restent encore très timides.
SOUS-ESPÈCES
Selon la classification actuelle, l'ITIS reconnaît deux sous-espèces distinctes d'euplère de Goudot :