Le castor du Canada est le plus gros rongeur vivant en Amérique du Nord et le deuxième du continent américain après le capybara. Il mesure 1,20 m de long au maximum pour un poids allant de 16 à 31 kg. Son corps massif se termine par une queue aplatie, recouverte d’écailles coriaces et de quelques poils rugueux. La queue d’un castor de grande taille mesure jusqu’à 30 cm de longueur et peut atteindre 18 cm de largeur et 4 cm d’épaisseur.
Cet animal présente un large éventail d'adaptations physiques à son mode de vie essentiellement aquatique. Son corps musclé ressemble bien plus à un mammifère marin qu'à un mammifère terrestre, ses pattes postérieures étant palmées lui permettant d'évoluer aisément dans l'eau. En outre, la caractéristique aplatie de sa queue écailleuse lui fournit direction et propulsion, en particulier lorsqu'il se baigne ou lors de plongées rapides. Les oreilles et le nez sont équipés de clapets en forme de soupape qui peuvent être fermés sous l'eau, tandis que les petits yeux comportent une paupière transparente de protection (membrane nictitante).
La fourrure du castor du Canada est composée d'une bourre très fine et de poils plus longs et plus durs. Sa couleur est généralement brun foncé, mais peut varier jusqu'au noir. La bourre dense est généralement gris foncé et maintient la chaleur du corps, même dans les eaux glacées. Le pelage brillant et imperméable est recouvert d'une sécrétion huileuse produite par le castoréum et deux glandes annales.
En raison de la nécessité d'une base solide pour les incisives lui facilitant l'abattage des arbres, le castor a un crâne exceptionnellement épais et lourd. Ses incisives, longues, solides et tranchantes grandissent continuellement et sont durcies par une couche d’émail orange foncé qui recouvre leur face extérieure. Les grandes griffes présentes sur les pattes avant lui offrent une certaine dextérité pour la manipulation des aliments et aussi pour creuser.
HABITAT
L'aire de répartition naturelle du castor du Canada couvre pratiquement tout le continent nord-américain, s'étendant de la zone péri-arctique du Canada et de l'Alaska jusqu'au Mexique en passant par les États-Unis. Le castor canadien ne devrait normalement pas être présent en Europe, mais plusieurs populations résident néanmoins en Europe du Nord ou de l'Est provenant d'animaux introduits ou échappés d'élevages. En 1937, il a été introduit en Finlande, d'où il s'est naturellement dispersé vers l'isthme de Carélie et la région de Leningrad (nord-ouest Russie). Il est également introduit dans l'Extrême-Orient russe, au Kamtchatka et dans l'île de Sakhaline (Russie). En 1946, les castors américains ont été introduits à Isla Grande, Tierra del Fuego (Argentine). Les castors vivent maintenant dans tous les cours d'eau de la région andine et les zones extra-andins, et dans presque tous les habitats aquatiques sur Isla Grande, ainsi que d'autres îles chiliennes de l'archipel de la Terre de Feu.
Le castor du Canada vit dans les cours d'eau à eaux lentes ou moyennement rapides, dans les plans d'eau naturels ou créés par leurs barrages. L'espèce semble préférer les cours d'eau à courant faible et assez profonds pour pouvoir y installer en sécurité leur terrier ou une hutte. Cependant, en présence d'une petite rivière à débit suffisant ce castor peut construire d'importants barrages et créer ou recréer ses propres zones humides.
ALIMENTATION
Le castor du Canada est un mammifèreherbivore dont le régime alimentaire varie au gré des saisons. L'écorce et les feuilles des arbres qu'il coupe, ainsi que des herbacées et de plantes aquatiques constituent la majeure partie du bol alimentaire de l'animal au printemps et en été. En hiver, il se nourrit en grande partie d'arbres et d'arbustes, comme le tremble et le saule. Au cours de l'automne, les populations du nord construisent souvent une cache de branches et de bûches sous l'eau près de la loge, qui va servir de garde-manger pour passer l'hiver.
Grâce à ses dents remarquables, le castor du Canada est capable d'abattre des arbres, pour s'en nourrir ou en faire un matériau de construction. Comme toutes les incisives des rongeurs, celles des castors sont développées et croissent aussi vite qu'elles sont usées par le rongement.
REPRODUCTION
La vie sociale du castor du Canada est construite autour de la colonie, qui se compose généralement d'un couple monogame et de 2 à 6 petits. La saison de reproduction a lieu une fois par an, généralement autour de janvier et février. Après une période de gestation d'environ 107 jours, la femelle met au monde une portée de 3 à 4 petits. Lorsque les petits naissent, ils sont couverts de fourrure, ont les yeux ouverts, et peuvent déjà nager dans les 24 heures. Après plusieurs jours, ils sont aussi capables de plonger hors de la loge avec leurs parents pour explorer la région environnante. Les jeunes sont sevrés dans les 2 mois, mais restent néanmoins au sein du cocon familial pendant une longue période (jusqu'à 2 ans) afin d'apprendre les compétences variées qui sont essentielles pour la vie d'autonome. Les femelles atteignent leur maturité sexuelle dès l'âge de 3 ans, moment auquel les jeunes castors sont alors chassés de leur cellule familiale.
Dans des conditions favorables, les castors vont produire leurs premières portées à 2 ou 3 ans. La durée de vie moyenne d'un castor du Canada à l'état sauvage est de 10-20 ans. Bien que sa taille le sauve de la plupart des prédateurs, l'homme, les loups et les coyotes sont les principales causes de mortalité de l'espèce ainsi que les parasites et les maladies.
COMPORTEMENT
Le castor du Canada est reconnu pour sa capacité unique à abattre des arbres relativement grands avec ses robustes incisives. Cette activité lui donne non seulement un meilleur accès à la nourriture sous forme de feuilles, de brindilles et l'écorce, mais lui fournit également les matières premières nécessaires à la construction de barrages dans les cours d'eau et la construction de sa hutte. Le barrage fournit une zone d'eau libre où la loge peut être facilement réalisée et protégée des prédateurs terrestres. La loge est essentiellement constituée de boue et de branchages, qui comporte généralement une ou plusieurs entrées sous-marines, avec une chambre intérieure qui s'élève au-dessus de la surface de l'eau.
Le castor du Canada vit habituellement en groupes familiaux comprenant jusqu'à 8 individus apparentés appelés colonies. Les jeunes frères et sœurs restent avec leurs parents jusqu'à l'âge de 2 ans, prenant part à diverses activités comme prendre soin des jeunes nourrissons, collecter de la nourriture et aider à la construction des barrages. Les familles sont territoriales et défendent leurs domaines contre les autres familles. Les individus marquent le territoire à l'aide de sécrétions anales qu'ils déposent sur des monticules de boue situés aux abords. Pour avertir les autres membres de la famille d'un danger imminent, ils claquent l'eau à l'aide de leur queue plate. Cette méthode n'est cependant pas toujours efficace contre les autres familles de castors qui ignorent souvent les claques d'alerte provenant des jeunes membres de la colonie.
Ces animaux sont principalement nocturnes. Ils ne sont que rarement observés pendant la journée, mais plus souvent au crépuscule. Ils voyagent sur de grandes distances pour trouver de la nourriture. S'ils trouvent une bonne source, ils construisent des canaux entre la source de nourriture et leur maison.
Globalement, il n'y a pas de grandes menaces pesant sur le castor du Canada dans toute son aire de répartition. Il est chassé et piégé pour sa peau. Beaucoup de castors sont tués dans les zones où l'abattage d'arbres et la construction de barrages sont en discordance avec le développement humain. Il est très sensible à la tularémie, une maladie infectieuse provoquée par la bactérie Francisella tularensis.
CONSERVATION
Le castor du Canada n'est pas considéré comme une espèce menacée. Il est actuellement inscrit dans la catégorie Préoccupation mineure (LC) sur la Liste rouge de l'IUCN.
En raison de la stabilité de sa population répandue, ainsi que sa présence dans plusieurs zones protégées, le castor américain ne bénéficie d'aucune mesure de protection spécifique. Bien que la demande pour les peaux ait sensiblement diminué, la chasse et le piégeage des castors continuent d'être réglementés au niveau national.