Le discoglosse d'Israël (Latonia nigriventer) est un amphibien appartenant à l'ordre des anoures dans famille des Alytidae et unique représentant du genre Latonia. Cette grenouille fait partie de la liste des cent espèces les plus menacées au monde établie par l'IUCN en 2012. On pensait que le discoglosse d'Israël était considéré comme éteint suite de la destruction de son habitat dans les années 1950 jusqu'à ce que l'espèce soit redécouverte en 2011. Il est endémique des marais du lac Hula en Israël.
Le discoglosse d'Israël est une robuste grenouille dont la taille varie entre 69 et 121 mm. La tête est aplatie et le museau dépasse de la bouche. Les narines de forme carrée sont plus proches du museau que des yeux. Il y a deux crêtes glandulaires qui s'étendent du côté postérieur de l'oeil. La première passe sur le tympan et se termine à l'insertion de l'avant-bras. La seconde s’étend vers l’arrière et se diffuse au niveau de la ceinture scapulaire dans plusieurs élévations glandulaires du dos. Il existe un pli cutané distinct qui traverse le cou. Cette grenouille a un ventre sombre (comme son nom l’indique) avec de petites taches blanches. Le motif dorsal est constitué de taches de couleur ocre et rouille allant du gris olive foncé au noir grisâtre. Une bande mi-dorsale incomplète de couleur claire se situe sur la partie postérieure du dos.
Les têtards ont une longueur maximale de 26 mm. Leurs corps sont plus longs que larges ou profonds. La distance entre la narine et le museau correspond aux trois quarts de la distance entre l'oeil et la narine. La distance entre les yeux est de deux tiers de la longueur de la bouche. Les lèvres sont bordées par une seule rangée de papilles avec une coupure au milieu de la lèvre supérieure. Il y a deux séries de dents labiales en haut et trois en bas. La troisième série de dents sur la mâchoire inférieure présente une interruption au milieu. La queue a une extrémité obtuse et arrondie. La queue a une crête dorsale qui s'étend légèrement sur le dos. Les têtards de cette espèce sont uniformément bruns sur le dos et non pigmentés sur le ventre et sur la surface ventrale du spiracle.
Malgré les différences de distinction et de contraste, les motifs de couleur entre les individus sont similaires. Des excroissances kératinisées peuvent être visibles sur les surfaces dorsales des pieds de certains mâles lors de la reproduction et certaines femelles peuvent avoir des excroissances sur les surfaces plantaires, le bord de la sangle et peu sur le thorax. Statistiquement, il n'y a pas de différence entre les sexes.
HABITAT
Le discoglosse d'Israël vit essentiellement dans la réserve naturelle de Hula, dans la vallée de Hula au nord d'Israël, ainsi que dans deux sites situés à 1 km au sud-est de la réserve, près du village de Yesod HaMa'ala. L'espèce semble avoir une préférence marquée pour ses habitats historiques de marais, de marécages et de lacs, mais peut également être trouvée dans des sites moins optimaux, éventuellement en utilisant un réseau complexe de canaux et de ruisseaux qui s'écoulent principalement du nord au sud et de l'est, et à l'ouest jusqu'au centre de la vallée.
L'espèce utilise à la fois des habitats terrestres et aquatiques. Dans les marais de Hula, des individus ont été trouvés dans des litières en décomposition sur un sol tourbeux, humide et meuble, dans des fourrés denses de mûres, dans des roseaux et parmi des figuiers. Sur les sites de Yesod HaMa'ala, des individus ont été découverts dans et autour des fossés avec de l’eau permanente, des fonds boueux et de la végétation. Le sol autour des fossés était composé de sols minéraux sableux et comprimés. Les individus trouvés dans des sites terrestres ont été trouvés sous des touffes d'herbe en train de sécher, dans des trous de crabe ou de petits mammifères au bord de l'eau.
ÉCOLOGIE
Le discoglosse d'Israël est un animal nocturne et solitaire. Il peut être observé presque toute l'année. Une analyse basée sur les techniques de l'ADN environnemental et une modélisation avec des données de présence-absence montrent que cet amphibien a une forte préférence pour ses habitats de marais, de marécages et de lacs, mais s'est adapté à des sites artificiels tels que des fossés. Les occurrences de types de sols organiques et colluvio-alluviaux, indiquant la présence actuelle ou passée d'une zone humide, sont corrélées à des résultats ADN environnementaux positifs.
De novembre à mars, des juvéniles ont été observés sur des terres recouvertes de litière humide. De février à septembre, date présumée de leur reproduction, les adultes pourraient être vus dans l'eau avec seulement leur rostre exposé. Les individus sont sensibles à la lumière artificielle.
L'espèce peut être cannibale, car l'autorité responsable de l'espèce a rapporté que l'holotype avait avalé un spécimen adulte plus petit alors qu'ils étaient maintenus en vie ensemble dans un terrarium.
L'espèce est supposée avoir une reproduction opportuniste consistant en un amplexus inguinal court et intense, moment auquel plusieurs couvées d'oeufs sont fixées à des pierres, des plantes aquatiques ou au fond des masses d'eau. La période de reproduction est également supposée être longue, peut-être de février à septembre, en fonction des caractéristiques sexuelles secondaires chez les mâles, de la présence de têtards et de la perte de poids chez les femelles.
Les prédateurs du discoglosse d'Israël adulte comprennent les martins-pêcheurs à gorge blanche (Halcyon smyrnensis). Les juvéniles et les têtards sont supposés être la proie d'autres animaux qui se nourrissent généralement d'amphibiens.
TENDANCES ET MENACES
On pensait que cette espèce était en voie d'extinction en raison du drainage de son habitat de terres humides dans les années 1950 jusqu'à sa redécouverte en 2011. Les marais de Hula ont été drainés pour éradiquer le paludisme et rendre les terres propices à l'agriculture. Seuls 320 hectares sur les 6 000 hectares d'origine restent non modifiés. Les 300 hectares restants ont été réservés à la réserve naturelle de Hula. La pression de prédation est plus élevée en raison de la taille réduite du marais. Alors que la majeure partie de la zone autour du marais est cultivée (IUCN2012), la majeure partie de la réserve elle-même est fermée au public.
La destruction et la dégradation de l'habitat restent les principales menaces pour le discoglosse d'Israël. Cependant, l'espèce semble tolérer des habitats hautement modifiés et pollués sur les sites de Yesod HaMa'ala. De plus, l'espèce est supposée être résistante à la modification de l'habitat, car elle a survécue dans une faible densité dans les habitats artificiels et les petits refuges.
STATUT ET CONSERVATION
Le discoglosse d'Israël est maintenant inscrit sur la Liste rouge de l'IUCN dans la catégorie En danger critique d'extinction (CR), mais davantage de populations ont été trouvées. Entre 2015 et 2017, 175 individus ont été observés sur quatre sites. Les techniques de l'ADN environnemental ont identifié 18 sites supplémentaires où des individus n'ont pas été capturés physiquement mais où leur ADN est présent. Ces nouveaux sites sont principalement regroupés autour de la réserve naturelle de Hula, du parc naturel de Hgamon Ha-Hula et de la réserve naturelle d'Ein Te'o, ce qui montre l'importance des réserves d'habitat pour cette espèce.
À l'aide d'une analyse ADN environnementale et de données sur la présence et l'absence de végétation et de sol, les chercheurs ont construit des cartes prédictives des habitats appropriés. Les chercheurs étudient également 18 sites identifiés par l'ADN environnemental où vit le discoglosse d'Israël.
COMMENTAIRES
Avant la redécouverte de cette espèce, il n’existait que deux spécimens: un spécimen type, collecté par Mendelssohn en 1940 (Mendelssohn et Steinitz 1943), et un collecté par Steinitz en 1955 (Werner 1988). Les deux paratypes de têtards ont été perdus (Biton et al. 2013) et un autre spécimen recueilli par Mendelssohn en 1940 a été mangé par l'autre tandis qu'ils étaient tous deux maintenus en vie dans un terrarium (Mendelssohn et Steinitz 1943).
Depuis le prélèvement d'un seul adulte prélevé en 1955, le discoglosse d'Israël n'a été vu que le 15 novembre 2011, soit quatre décennies plus tard, par un garde-parc, qui ne connaissait pas l'identité de cette grenouille adulte. Son identification a depuis été confirmée et va certainement raviver l'intérêt pour sa conservation. En 2017, 175 spécimens ont été observés. Parmi ceux observés, 64 étaient des femelles adultes, 42 des mâles adultes, 29 juvéniles et 40 têtards (Perl et al. 2017).